Mémoire émotionnelle
L'émotion, ciment du souvenir
Chaque souvenir a une saveur : certains sont teintés de joie, d'autres de tristesse, de fierté ou de mépris. Les souvenirs neutres émotionnellement s'enracinent moins profondément dans la mémoire et participent moins à l'élaboration de la personnalité. L'émotion supervise la construction du soi .Vous rappelez-vous la naissance de votre premier enfant ? Sûrement revoyez-vous certains détails, des émotions, des sons, une ambiance. Ou alors, peut-être vous souvenez- vous du jour où vous avez obtenu votre baccalauréat ? De tels événements sont stockés dans notre mémoire parce qu'ils définissent une partie de notre existence : c'est un matériau imagé sur lequel notre esprit s'appuie pour construire le soi, ce que nous sommes, la façon dont nous nous voyons. Si de tels souvenirs se sont implantés durablement dans votre mémoire, c'est en grande partie parce qu'ils véhiculent une émotion positive liée à soi. Nous nous appuyons sur ces souvenirs pour tisser la toile de notre identité, définir la cohérence de nos choix et de nos aspirations. Nous verrons ici que s'effectue une sorte de tri dans la mémoire, conduisant à retenir les événements qui ont un sens dans notre parcours, et que ce tri est essentiellement gouverné par l'émotion : les souvenirs agréables s'insèrent dans la toile de notre identité, tant que notre psychisme fonctionne normalement.Dans d'autres cas que nous aborderons, telle une anxiété liée au contact des autres, qu'on appelle la phobie sociale, ce tri est perturbé, et l'image du soi vacille.Autant dire que le rôle des émotions dans la mémorisation et la construction du soi est capital. Examinons comment l'émotion stimule-t-elle ou atténue-t-elle les processus de mémorisation.
ÉMOTIONS ET MÉMOIRES
La mémoire émotionnelle est à la base de l'encodage de la mémoire associée aux sens. L'émotion donnera une profondeur volontaire ou involontaire à la trace mnésique. Cette profondeur aura des relais avec les autres mémoires.
Un événement ayant une dimension émotionnelle est immédiatement et plus ou moins durablement mémorisé, devenant parfois "inoubliable". Les événements ayant une telle dimension émotionnelle peuvent se déclencher à un moment clé de notre vie mais aussi suite à une lecture, un film, un voyage. Déclenchant ainsi des liens avec notre mémoire épisodique.
C'EST PLUS FORT QUE MOI!
Des réactions émotionnelles végétatives (sueurs, tremblement, malaise) ou motrices (fuite, agression, peur, joie) peuvent survenir dans des occasions où la mémoire d'un évènement apparaît ou une personne qui y est liée. Parfois inconsciemment ces manifestations apparaissent sans lien avec l'événement qui les déclenchent (c'est le cas des phobies) ; il s'agit de manifestations de la mémoire émotionnelle associée à une mémoire procédurale et inconsciente. Parfois cette mémoire procédurale liée à une émotion peut se combiner avec des situations d'agressivité ou de fuite.
L'imagination est plus importante que le savoir
Albert Einstein
La mémoire épisodique garde les souvenirs de faits, d'événements, datés, et de l'état émotionnel que l'on a ressenti alors. La notion de mémoire épisodique est souvent liée à la mémoire affective.
La mémoire sémantique mémorise des données dépourvues de charges émotionnelles, «plus froides» : ce sont les définitions, les descriptions, la syntaxe, les règles de grammaire, les formules mathématiques. La mémoire est multiforme et se modifie au fur et à mesure des rappels associant des émotions, des informations et des évènements qui peuvent la transformer et crée des souvenirs différents de la situation d'origine. . Aujourd'hui l'on sait que la mémoire fonctionne grâce à des réseaux qui se connectent de façon exponentielle en fonction des associations multiples qui se développent et des nouveaux apprentissages. Quel que soient ces changements, ils sont d'autant plus vivaces et puissants qu'ils sont liés à des émotions.