Mémoire iconique et echoïque
LA MEMOIRE ICONIQUE:
Le premier registre sensoriel étudié fut le registre visuel. Déjà en 1889, Wundt formulait l'hypothèse de l'existence de registres de ce type, mais c'est à Sperling que nous devons l'astuce d'avoir découvert le moyen de mesurer la mémoire sensorielle visuelle. L'expérience de Sperling consiste à présenter un tableau de 12 lettres pendant une durée de 50 milisecondes. Afin de contrôler que le sujet regarde bien là où l'information va être présentée, on lui demande de fixer un point qui apparait au milieu de l'écran juste avant l'affichage du tableau. Immédiatement après la disparition du tableau, le sujet doit rappeler les lettres dont il se souvient (rappel globale). Dans ces conditions, la capacité moyenne de la mémoire immédiate des sujets est de quatre à cinq lettres.
Pour tester l'existence d'un registre sensoriel visuel dans lequel seraient stockées plus de lettres que les sujets ne peuvent en rappeler, Sperling introduisit une condition dans laquelle on présente les mêmes tableaux de lettres pendant la même durée, mais où on demande le rappel des lettres appartenant à une seule ligne du tableau. La ligne à rappeler est désignée par un signal sonore après la disparition du tableau. Les sujets ont en moyenne trois lettres par ligne à rappeler. Puisqu'il y a trois lignes par tableau, les sujets sont donc capables de rappeler en moyenne neuf lettres. Si on ramène ces neufs lettres aux quatre environ de la première condition, on constate qu'on stocke en réalité plus d'information qu'on ne peut en rappeler verbalement avant son effacement de la mémoire.
Dans la procédure de rappel partiel de Sperling, le sujet ignore quelle ligne il devra rappeler. Il doit donc conserver en mémoire l'ensemble du tableau présenté jusqu'au signal indiquant la ligne à rappeler. Les résultats trouvés montrent que le nombre de mots rappelés décroît rapidement lorsque le délai du signal de rappel augmente. La différence entre les nombres moyens de mots rappelés dans les conditions de rappel global et de rappel partiel diminue rapidement jusqu'au délai de 300 ms, et est tout à fait nulle lorsque le délai est d'une seconde. Autrement dit, au-delà de 300 ms, l'information visuelle a quitté le registre sensoriel et a transité en mémoire à court terme, alors que le reste de l'information a été perdue.
LA MEMOIRE ECHOÏQUE:
En ce qui concerne la mémoire auditive, Darwin, Turvey et Crowder (1972) proposent une expérience analogue à celle de Sperling dans le domaine visuel, mais transposée dans le domaine sonore.
Trois sources sonores différentes sont présentées au moyen d'un casque stéréophonique. Ces sources sonores sont mixées de telle sorte qu'une des sources semblent provenir du coté gauche de la tête du sujet, une autre du côté droit, et la dernière du milieu (dessus) de la tête. Chaque source émet une liste de trois items qui peuvent être des lettres ou des chiffres. Dans la tâche de rappel global, les sujets doivent rappeler le plus d'items possibles parmi les neufs donnés à entendre. Dans la tâche de rappel partiel, un signal visuel indique aux sujets la source sonore à traiter. Comme dans l'expérience de Sperling, la comparaison des deux conditions montre que les sujets rapportent en moyenne plus d'items dans la tâche de rappel partiel que dans la tâche de rappel global. Ceci nous permet de conclure à l'existence d'un registre auditif de l'information sensorielle.
Les résultats tropuvés ont montré que la performance dans la tâche de rappel partiel ne diminue significativement qu'après un délai de quatre secondes. Un résultat de deux secondes a toutefois été trouvé dans un paradigme différent. De manière plus générale, on considère que des séquences sonores peuvent être conservées en mémoire échoïque pendant des durées allant de 250 ms à deux secondes